Fin de cycle. Autopsie d'un système corrompu

Fin de cycle. Autopsie d'un système corrompu

2014 • 179 pages

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Ancien journaliste à l'Equipe où il a couvert notamment 10 Tours de France (1990-2000), Pierre Ballester s'est spécialisé dans les enquêtes sur le dopage. Il devient ainsi le nègre de Willy Voet pour son livre Massacre à la chaîne (Ed. Calmna-Levy,1999), paru à la suite du scandale Festina (1998) et dans lequel il va révéler les pratiques et les dessous du cyclisme. Il a aussi été le nègre de Bruno Roussel pour Tour de Vices (ed. Hachette Littératures, 2001), de Jérôme Chiotti pour De mon plein gré (ed. Calmann-Lévy, 2001) et de Philippe Boyer pour Champion, flic et voyou (Ed. La Martinière,2003).

Sa connaissance accrue du cyclisme et du dopage lui permet de se lancer dans une vaste enquête sur les pratiques frauduleuses de Lance Armstrong. Il publie sur ce sujet L.A. Confidential (La Martinière, 2004), L.A. Officiel (La Martinière, 2006) et Le sale Tour (Seuil, 2009), tous les 3 écrits en collaboration avec David Walsh.

La justice américaine et l'USADA ont confirmé fin 2012 ce que Pierre Ballester dénonçait depuis 8 ans sans être vraiment écouté : Armstrong a triché et volé ses 7 victoires sur Le Tour, qui lui ont maintenant été officiellement retirées.

Ce nouveau livre de Pierre Ballester vient donc conclure la grande enquête “Armstrong” en apportant des éléments sur le “système” qui a permis au cycliste américain de passer à travers les mailles du filet pendant si longtemps. Et selon P. Ballester, tout le monde est coupable : L. Armstrong et son manager bien sûr, mais aussi l'UCI, ASO, les sponsors ou partenaires, les médecins,et bien sûr les médias. A défendre uniquement leurs intérêts, essentiellement financiers, ils ont fini par tuer Le Tour.

Ce livre est riche d'informations et de détails, et a conforté ma propre opinion. On le sait depuis longtemps le dopage est présent dans le sport en général et dans le cyclisme en particulier. Dès les premiers Tours de France, les coureurs trichaient, soit en essayent de prendre le train pour raccourcir des étapes de plusieurs centaines de kilomètres, soit déjà en prenant des “aides” médicales (cocaïne, chloroforme, ...). Et cela ne sait jamais arrêté, les produits ont évolué, les méthodes aussi. Des coureurs meurent, en course (Tom Simpson, 1967) ou en dehors (Pantani, 2004, Frank Vandebroucke, 2009) victimes de leur propre inconscience. Des scandales éclatent, le plus célèbre ayant eu lieu en 1998, au coeur des années folles de l'EPO.

On pouvait espérer qu'un grand ménage serait fait après 98 et que le cyclisme retrouverait un peu de blancheur. Hélas, il semble que ce soit tout le contraire : Il y a donc eu les années Armstrong et la tricherie maintenant révélée. Mais il y a aussi chaque année des coureurs testés positifs et exclus (pendant le Tour mais bien trop souvent longtemps après), des coureurs pris dans des affaires de dopage (Puerto). Et récemment la commission d'enquête sénatoriale qui révèle des noms de coureurs dopés en 1998 (Jalabert, Leblanc,...). Il y a enfin les aveux de coureurs retraités et repentis : Riis, Ullrich, O'Grady, Zabel,... La liste est désespément trop longue.

Le retrait des titres de L. Armstrong a en outre prouvé une chose car il a été impossible de réattribuer sur tapis vert ces titres : bien souvent les coureurs ayant fini 2ème, 3ème, voire plus, ces mêmes années, ont eux aussi été rattrapés par des révélations ou des affaires de dopage. Quelques-uns ont essayé de dresser un classement “nettoyé : Johan Hufnagel, sur Slate.fr ou Victor Dhollande-Monnier sur Europe1.fr.

Doit-on dire, comme pour les Rois : Le Tour est mort! Vive Le Tour? Il faut le croire tant les spectateurs sont toujours aussi nombreux sur les bords de la route du Tour (un peu moins sur d'autres courses cyclistes il est vrai) et les téléspectateurs devant leur TV ou PC (à commencer par moi).

July 31, 2013Report this review