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Aucun comédien de sa génération n'a réussi à incarner avec autant de naturel cette jeunesse rebelle prête à faire sauter les tabous de l'Amérique puritaine. Mais qui était vraiment James Dean, cet enfant terrible et surdoué du cinéma américain ? Que cachait-il en réalité derrière cette moue sensuelle et cette chevelure en bataille gravées dans toutes les mémoires ? On raconte souvent James Dean par le prisme de sa mort prématurée. Philippe Besson a fait le choix inverse : décrire une enfance singulière, heureuse, une adolescence tourmentée, une jeunesse fulgurante, tenter de cerner un jeune homme dans toute sa complexité, dans toute son ambiguïté, aussi. A l'inverse d'un documentaire où des vivants rendent hommage à un disparu, dans ce livre, ce sont des disparus qui évoquent un James Dean incarné et vivant. Philippe Besson réalise ici un tour de force en faisant s'exprimer une trentaine de personnages (sa mère, le professeur de théâtre de son lycée, ses colocataires à New York, les metteurs en scène - Nicholas Ray, Elia Kazan - et les actrices - Liz Taylor, Natalie Wood - qui l'ont côtoyé), recomposant par petites touches la personnalité de James Dean, avant tout dans sa dimension privée. Sa mère, qu'il adore, lui transmet le goût des arts, mais elle meurt hélas d'un cancer alors qu'il n'a que neuf ans. Son père l'abandonne alors aux bons soins de sa tante et part sur le front. L'adolescence de James Dean, dans l'Indiana, se partage entre les tâches de la ferme où il grandit et les cours de théâtre de son lycée, qui le passionnent. De New York à Los Angeles, entre ses classes à l'Actors Studio et divers petits boulots, Jimmy poursuit son seul rêve : devenir acteur, pour devenir un autre. Une première apparition dans une publicité pour Pepsi suffit à lancer sa carrière. Dès lors, les plus grands réalisateurs se l'arrachent. Redouté pour ses retards sur les plateaux, ses colères, ses enfantillages, obsédé par la vitesse et collectionneur de voitures de course, couvé par les femmes, adulé par les filles mais attiré par les garçons, il laisse flotter une aura de mystère autour de lui et ne laisse que de rares privilégiés partager son intimité. Jusqu'à ce qu'en 1955, sa Porsche Spyder 550 vienne s'écraser contre un poteau télégraphique, mettant fin à cette trajectoire foudroyante. "Il faut vivre vite, mourir jeune, et faire un beau cadavre" : telle était la formule provocatrice, mais ô combien prémonitoire que James Dean aimait répéter à son entourage. Dans ce portrait kaléidoscopique, on découvre un garçon inconsolable et myope, capable du pire comme du meilleur, et dont le destin semble n'avoir jamais été autre que de filer telle une comète.
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2,853 booksWhen you think back on every book you've ever read, what are some of your favorites? These can be from any time of your life – books that resonated with you as a kid, ones that shaped your personal...
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“Je sais, les choses sont allées très vite. Est-ce parce qu'on devine que le temps nous sera compté, que les belles années ne dureront pas, qu'on ne nous fera pas le cadeau de la vieillesse ? Ou tout simplement parce qu'il faut se saisir de l'instant, sans réfléchir vraiment, comme on mord dans un fruit, parce qu'il nous fait envie, parce qu'il est appétissant, parce qu'on a soif ?”
Je crois que je suis tombé amoureux, profondément, de quelqu'un mort il y a 60 ans. Moi qui m'attendais à une biographie, j'en ai été à mes frais, car sous ces pages se déroulent une vie, filant à toute allure vers sa destination finale, une galerie unique de personnages, leurs regards portés sur une seule et même étoile filante, splendide.
J'avais déjà croisé les photos de James Dean, reconnu ce regard qui transperce chacune d'entre elles, brûle la pellicule. Et c'est cette même flamme qui habite ces quelques pages trop courtes. J'aurais voulu en savoir plus, mieux le connaitre encore, mais le livre retranscrit bien cette injustice de ceux que la vie nous arrache trop tôt.
Je l'ai refermé une larme au coin de l'oeil, avec l'impression d'avoir perdu un ami intime, une personne tellement proche. Une fois de plus Philippe Besson a réussi à me faire aimer quelqu'un à travers ses phrases, encore une fois j'ai le coeur qui saigne un peu.
“On n'échappe pas à son destin. Le sien était d'être une étoile et de passer comme une comète.”
Un magnifique portait à plusieurs voix de James Dean, légende du cinéma américain, avec le style toujours si délicat et naturel de Philippe Besson. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un très bon roman. Et ça m'a donné envie de revoir “La fureur de vivre” et de voir enfin “A l'est d'Eden”.