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Je me méfie toujours des auteurs de best-sellers, des romans “phénomènes” que tout le monde dit dans les transports en commun, je dois avoir un côté élitiste et méprisant pour ce qui plait “au plus grand nombre”, craignant que ces oeuvres ne soient que le fruit de recettes bien huilées à base d'ingrédients consensuels et sans saveur. C'est ce qui m'a tenu éloigné des romans de Delphine de Vigan depuis la publication de Rien ne s'oppose à la nuit, énorme phénomène qui a véritablement lancé sa carrière d'auteur à succès. Et puis, la semaine dernière, je l'ai vu sur un plateau de télévision parler de son dernier roman “Les loyautés”, je l'ai trouvée sympathique, posée, et à vrai dire intéressante dans son propos. Argument ultime pour me convaincre de franchir le rubicon : il s'agit d'un roman court, donc un investissement limité pour découvrir son oeuvre.
Je ne le regrette pas, car j'ai lu Les loyautés avec beaucoup de plaisir, c'est une très agréable surprise. Le récit tourne autour de plusieurs personnages : deux pré-adolescents venus de milieux familiaux totalement différents (l'un, Théo, en garde alternée entre ses parents divorcés qui ne s'adressent plus la parole ; l'autre, Mathis dans une famille qui semble stable) et qui se sont liés d'amitié depuis leur entrée au collège ; une professeur de SVT qui s'inquiète de l'attitude de Théo et le soupçonne d'être victime de maltraitance ; la mère de Mathis, en psychanalyse, coincée dans un couple qui ne se parle presque plus et des enfants qui s'éloignent d'elle.
Les loyautés est un très joli roman, à la fois tendre et violent, sur la détresse humaine, qu'elle qu'en soient ses causes et ses modes d'expression. Cela m'a clairement donné envie de dépasser mes aprioris et de découvrir les autres romans de Delphine de Vigan, même si je crains que sa plume fine soit moins incisive dans des oeuvres plus longues que celle-ci, dont le format m'a parfaitement convenu.