Après deux livres principalement consacrés aux coulisses du PSG version QSI, trois membres du collectif Paris United ont écrit en 2020, à l'occasion des cinquante ans du club, un ouvrage cette fois consacré à l'histoire du PSG.
Le sommaire du livre est classique, avec une approche chronologique et un découpage en grandes parties correspondant aux ères du club et de ses propriétaires : la naissance au tout début des années 1970 et les premières années sous la présidence de Daniel Hechter, les années 1980 sous Francis Borelli, les années 1990 avec Canal +, les années 2010 sous Colony Capital, et l'ère Qatari depuis 2012.
L'ouvrage m'a semblé mieux écrit que les deux précédents de Paris United. Ce n'est pas encore de la grande littérature, mais de toute façon c'est rarement le cas dans les livres sur le sport et c'est déjà moins maladroit que les deux premières livres du collectif.
L'ensemble dresse un récit de l'histoire du PSG à travers les yeux de supporters. C'est moins institutionnel que certaines rétrospectives officielles ou journalistiques, et c'est plutôt intéressant à ce titre.
Un sympathique roman de fantasy urbaine dans un Paris steampunk. Le décor n'est pas follement original mais efficace pour le récit proposé par l'autrice. Les personnages manquent un peu de profondeur à mon goût et le récit ne sort pas réellement des sentiers battus, mais c'est divertissant. Suffisamment prenant en tout cas pour que je le lise en à peine plus d'une journée.
Un livre inclassable : ce n'est pas un roman historique, ce n'est même pas une fiction, c'est un texte de non-fiction mais dans lequel l'auteur mêle habilement des personnalités historiques réelles et des personnages de fiction. Il les met en scène dans des situations de la vie quotidienne ou des événements historiques ré-imaginés mais richement documentés, comme en témoignent les longues pages de note à la fin de l'ouvrage. Le format, qui même fiction et style romanesque, peut sembler étrange au premier abord mais j'ai finalement trouvé que cela était parfaitement adapté au propos.
L'objet du livre est clair : nous raconter cette période, entre la fin des années 1950 et celle des années 1960, où l'URSS a failli réussir son pari de proposer un modèle capable de surpasser le capitalisme et de le battre à son propre jeu : la performance économique. L'industrie et la technologie soviétiques étaient alors à leur sommet. La conquête spatiale, avec le satellite Sputnik et le cosmonaute Gargarine, en était sans doute la plus belle vitrine. Pourtant, dès les années 1980, le constat fut accablant : les promesses de prospérité pour tous n'avaient pas été tenues, le rêve communiste était déjà mort, à défaut d'être enterré. Il faudra attendre le tournant des années 1980 et 1990 pour que l'URSS s'effondre pour de bon.
L'auteur nous raconte ce pari et tente de dénouer les causes de cet échec. Lourdeur de la bureaucratie ? Incompétence des apparatchiks ? Erreurs stratégiques de dirigeants plus soucieux de leur maintien au pouvoir que du bien commun ? Corruption à tous les étages ? Recherche de la stabilité à tout prix, au point de ne plus prendre de risque, de ne plus oser changer ce qui ne marche visiblement pas ?
A la fin du récit, on se demande encore si le pari pouvait être gagné, si quelques décisions par-ci par-là auraient pu faire dévier le cours de l'histoire. Le modèle soviétique était-il vicié dès le début, dès la prise de pouvoir de Lénine puis de Staline ? Etait-ce déjà trop tard dans les années 1950 ? Etait-ce possible ? Je n'ai pas la réponse, mais ce livre a l'avantage de nous interroger sur cette possibilité, ou cette impossibilité. On en ressort à la fois navré de ce qui fut et mélancolique de ce qui aurait pu être.
Un sympathique roman entre enquête et fantasy, dans un Paris au tournant du XIXe et du XXe siècle bouleversé pour une mystérieuse Brûme mortelle.
Tout n'est pas parfait dans ce roman, avec un style parfois maladroit, des personnages manquant un peu de profondeur et quelques stéréotypes dispensables. Toutefois, j'ai pris du plaisir à lire ce récit qui se déroule dans un cadre original et bien décrit.
Cette collection “Black Dawn” est décidément très prometteuse. Après [b:Grievers 58505022 Grievers (Black Dawn, #1) Adrienne Maree Brown https://i.gr-assets.com/images/S/compressed.photo.goodreads.com/books/1633374629l/58505022.SX50.jpg 91886516] qui m'avait déjà beaucoup plu, je crois que le deuxième roman de cette collection m'a encore plus séduit.Margaret Killjoy nous plonge dans un univers de fantasy inspirée de notre XVIIIe ou de notre XIXe siècle pour nous parler de notre monde. Le protagoniste est un journaliste embarqué au sein de l'armée impériale dans une guerre de conquête coloniale. Sa mission est de suivre le général en chef de cette armée et de livrer à l'opinion publique la propagande attendue par l'Empire.Evidemment, rien ne va se passer comme prévu et nous allons suivre notre journaliste à la découverte de la population indigène. Loin des sauvages et des barbares décrits par la propagande - celle qu'il était chargé d'écrire - il découvre une société basée sur la liberté, l'autonomie, la solidarité, et l'aide mutuelle. Il découvre une utopie anarchiste, en tout cas telle que l'autrice l'imagine.Ce roman est peut-être l'oeuvre de fantasy la plus politique que j'ai lue, la preuve qu'un univers fictif ne peut être qu'un moyen idéal pour parler de notre société. Ce récit est également l'un des meilleurs romans de fantasy que j'ai lus. Une oeuvre remarquable pour présenter l'idéal anarchiste et le rôle de la fiction pour imaginer des utopies. Les imaginer, pour ne pas seulement les rêver, mais commencer à les construire.
Un très joli roman d'anticipation, où un étrange syndrôme mortel frappe les habitants noirs de Detroit. C'est l'occasion pour l'autrice de nous parler de deuil, d'inégalités raciales, de gentrification, et de dédadence du capitalisme. Le style est fluide et poétique, on se laisse emporter par une plume qui accompagne parfaitement un récit qui oscille entre tragédie, pessismisme et optimisme.
Ce livre est un classique de l'informatique, dont la première édition a été publiée en 1975. Je viens de lire la seconde édition de 1995, augmentée à l'occasion des 20 ans de sa première publication.
Evidemment, c'est techniquement daté. Les ordinateurs, les langages, les ordres de grandeur (mémoire, espace disque, etc.) évoqués par l'auteur ne sont plus d'actualité. Pourtant, cela n'est pas si gênant que cela car l'essentiel de son propos porte plus sur la conception d'un système, sur l'organisation et la gestion d'un projet informatique, que sur des considérations purement techniques.
Bien sûr, les techniques de gestion de projet informatique ont elles aussi évolué depuis 1975 et 1995, mais c'est assez troublant de voir que certaines mauvaises pratiques sont toujours d'actualité. Je pense d'ailleurs que la lecture de ce livre devrait être un pré-requis pour tout chef de projet informatique ou toute personne prenant une fonction similaire. Certains enseignements de ce livre leur seraient encore utiles.
Enfin, j'ai bien aimé les chapitres ajoutés dans le livre à l'occasion du vingtième anniversaire de la première édition, dans lesquels l'auteur revient sur ses affirmations vingt ans après pour les affiner, les amender, les corriger, les confirmer, voire les contredire totalement. C'est le signe d'une certaine honnêteté intellectuelle.
J'avais été totalement enchanté et emballé par [b:Les Seigneurs de Bohen 34088677 Les Seigneurs de Bohen Estelle Faye https://i.gr-assets.com/images/S/compressed.photo.goodreads.com/books/1488368791l/34088677.SX50.jpg 55100227], le premier tome de ce diptyque. Je l'ai été un tout petit moins par le second, mais cela reste de l'excellente fantasy.Commençons par les bémols : ce deuxième volume est plus long que le premier et m'a parfois semblé trop long ; on y suit une multitude de personnages, presque trop parfois, ce qui entraine une certaine confusion et une lassitude à certains moments de la lecture ; je dirais même que certains fils narratifs m'ont semblé assez dispensables.Je vous rassure, ces bémols sont faibles face aux immenses qualités de ce roman et à l'écriture toujours aussi évocatrice et immersive d'Estelle Faye. On retrouve avec plaisir certains personnages que l'on avait accompagné dans le premier tome. L'intrigue est complexe, longue, mais s'achève dans un final épique digne des plus grandes sagas de fantasy. Le tout avec une atmosphère empreinte de nostalgie, face au temps qui passe et aux espoirs déçus : les héros ont vieilli, leurs rêves de jeunesse sont derrière eux, la réalité a repris ses droits après la révolution.Je suis ravi d'avoir pris le temps de lire ces deux magnifiques romans d'Estelle Faye. Si ce second tome n'égale pas tout à fait l'excellence du premier, l'ensemble constitue une très grande oeuvre romanesque, digne de figurer au panthéon de la fantasy et de la littérature de l'imaginaire francophone.
J'ai pris une grosse claque avec ce roman. J'en avais entendu beaucoup de bien mais je crois que c'est encore meilleur que ce à quoi je m'attendais.
J'ai d'abord été emporté par l'écriture, évocatrice et immersive. J'ai ensuite été séduit par les personnages, profonds et attachants dans leurs styles pourtant tous différents. J'ai enfin été emballé par le récit lui-même, à la fois épique et profondément humain.
L'univers imaginé par Estelle Faye est décrit avec finesse, sans détails inutiles mais avec ce qu'il faut de petites touches pour qu'on y croit et qu'on y plonge avec plaisir.
C'est de la très bonne fantasy, de la très grande fantasy. Et dire que ce n'est que le premier tome d'un diptyque ! Si le second est aussi réussi que celui-ci, me voilà reparti pour quelques journées de lecture passionnante.
Abandonné après la lecture de quelques chapitres.
Trop complexe, trop ésotérique pour moi. Les innombrables citations et interprétations de la Bible et du Talmud pendant les vingt premières pages m'ont convaincu que ce livre, quelles que soient ses qualités pour d'autres lecteurs, n'était pas pour moi.
“Crépuscule” est le deuxième tome du cycle Azure de Philippe Tessier, dans son univers de jeu de rôles Polaris. J'ai trouvé ce deuxième tome un peu moins captivant que le premier, mais cela reste de la science-fiction divertissante. Le décor et les scènes d'action sont toujours spectaculaires, mais cela se fait peut-être au détriment de la profondeur des personnages. Cela m'avait moins gêné dans le premier roman, mais cela m'a un peu plus manqué ici. Je lirai tout de même avec plaisir le troisième tome du cycle lorsqu'il sera publié, afin de découvrir où l'auteur veut nous amener avec cette histoire.
Ce roman est le premier d'un cycle qui se déroule dans l'univers du jeu de rôles Polaris. Philippe Tessier est à la fois le créateur du jeu de rôles et l'auteur de ce roman, son univers est donc sa création, qu'il enrichit depuis de longues années.
On sent l'influence du jeu de rôles dans l'écriture des personnages qui représentent chacun un stéréotype de l'une des factions qui peuplent le monde. C'est peut-être maladroit d'un point de vue purement littéraire, mais cela ne m'a pas gêné outre mesure, d'autant que cela permet de se familiariser avec l'univers et ses factions.
L'univers est original et bien décrit. Le récit est plaisant, bien rythmé, on finit chaque chapitre en ayant envie de lire immédiatement le suivant, c'est plutôt bon signe pour ce genre de roman.
C'est vraiment de la science-fiction divertissante, avec des personnages hauts en couleur et un récit plein d'action. De quoi me donner envie de lire la suite du cycle.
Après le très inspirant « Éloge de la lecture » de Michèle Petit, j'ai été un peu déçu par cet essai de Régine Detambel.
Certains passages m'ont plu, ont fit écho en moi. D'autres m'ont ennuyé ou agacé. Je sors de cette lecture avec un sentiment mitigé.
J'ai relevé quelques répétitions, des généralités sur la lecture et l'écriture, des chapitres qui passent du coq à l'âne sans réelle transition, j'ai eu parfois du mal à suivre la pensée de l'autrice. Je me suis plusieurs fois interrogé pendant ma lecture : “ceci n'est pas inintéressant, mais pourquoi en parle-t-on ici ? où veut-elle en venir ?”. J'ai eu plusieurs fois une impression de légèreté, au mauvais sens du terme.
Le livre présente également un certain plaidoyer pour la vision de l'autrice sur la lecture et la bibliothérapie. L'autrice s'y révèle offensive contre les autres approches (la bibliothécaire dans un cadre médical ou paramédical par exemple) mais sans vraiment démontrer pourquoi la sienne est meilleure. J'avoue ne pas avoir été totalement convaincu. Trop souvent, j'ai trouvé que cela manquait d'argumentation : l'autrice assène ses vérités sans les démontrer, ce qui est problématique quand on veut défendre une position, critiquer les autres points de vue et convaincre que le sien est le bon.
Il y a tout de même du bon dans ce livre, qui comme l'ouvrage de Michèle Petit dont je parlais au début, est aussi un vibrant hommage à la lecture et à l'écriture, à leurs vertus, et à la place primordiale du récit pour l'humain.
Un joli livre qui porte bien son titre, puisqu'il s'agit d'un bel éloge de la lecture, voire d'un hommage.
Le livre mêle habilement des témoignages de lecteurs, des citations d'écrivains sur la lecture, des éléments issus de travaux de recherche sur la lecture, et évidemment la réflexion personnelle de l'autrice sur les sujets évoqués.
J'ai particulièrement apprécié le refus de l'autrice d'une vision utilitariste de la lecture, qui mettrait uniquement en avant ses apports pour la scolarité, pour l'insertion professionnelle, sur les rapports sociaux, en négligeant l'essentiel : le rôle essentiel sur la lecture sur la construction de soi, l'accès à la fois à notre intériorité et à l'altérité.
Avec “Ru”, Camille Leboulanger signe un très grand roman de science-fiction, une magnifique allégorie écologique et sociale. Il y parle très joliment de migrations, d'inégalités sociales, de l'Etat, des utopies, et de la place de l'humain dans son environnement. Engagé et littéraire, c'est l'un des plus beaux romans que j'ai lus cette année.
J'ai retrouvé dans ce roman de Bertrand Guillot quelque chose que j'apprécie dans les livres d'Eric Vuillard : cette capacité à se saisir d'un événement, ici, l'abolition des privilèges par l'Assemblée nationale lors de la fameuse nuit du 4 août 1789, pour nous en proposer un récit romanesque, avec ses personnages, ses décors, son enchainement d'évévénements, et ses détails plus ou moins anecdotiques.
J'aime cet exercice sur l'Histoire et j'ai aimé la façon dont Bertrand Guillot a réalisé cet exercice dans ce roman. Les personnages sont vivants et le récit est captivant. L'auteur alterne joliment entre les anecdotes du quotidien et les envolées lyriques à la hauteur des enjeux. C'est très réussi !
Chaque fois que j'ai eu l'occasion d'écouter s'exprimer Frédéric Lordon, dans des entretiens filmés ou des podcasts, j'ai trouvé sa pensée particulièrement éclairante. C'est à nouveau le cas dans cet essai.
Le propos est passionnant, même s'il est parfois un peu ardu à suivre dans certains passages. Le fait d'avoir été malade toute la semaine où je l'ai lu n'a sans doute pas facilité cette lecture exigeante, c'est donc un livre que je relirai probablement ultérieurement, dans de meilleurs conditions. Toutefois, même dans ces circonstances défavorables, j'ai trouvé ce livre clair, éclairant et lumineux dans les concepts et idées qu'il propose et expose.
Je sors un peu déçu de la lecture du second tome du diptyque “Siècle Bleu” de Jean-Pierre Goux.
Bien sûr, on y retrouve le rythme haletant du premier tome et certains personnages que l'on avait appris à apprécier dans le premier volume. Le récit s'accélère, les complots se dévoilent, le suspense est continu tout au long du livre.
Malgré tout, j'ai trouvé que l'auteur en faisait parfois trop. Trop didactique quand il profite d'un dialogue ou d'une description pour expliquer en détail certaines connaissances qu'il estime, parfois à tort, que le lecteur doit comprendre. Trop dans le récit lui-même, quand les coïncidences, ou les synchronicités comme il les appelle dès l'introduction, font que quasiment tous les personnages sont liés les uns aux autres d'une façon ou d'une autre. Trop idéaliste, quand il imagine une révolution écologiste qui ne remettrait en cause que les abus du capitalisme (les méchantes corporations voraces) sans admettre que le capitalisme porte en lui, avec sa mécanique de croissante continue, les germes de l'écocide.
Je sors donc un peu déçu de cette lecture. J'ai bien aimé ce livre, j'ai pris du plaisir à le lire, mais j'ai trouvé que son côté naïf et parfois mystique le faisaient finalement passer un peu côté du sujet. Evidemment, ce n'est qu'un point de vue personnel, je me doute bien que l'auteur a abordé le sujet exactement comme il le souhaitait, mais son point de vue ne m'a en tout cas pas totalement convaincu.
L'éditeur présente ce premier tome d'un diptyque comme un “thriller écologique” et cela résume bien le ton et le thème de ce texte. On peut aussi le ranger tout simplement dans le genre de la science-fiction et de l'anticipation.
L'auteur imagine un futur très proche où la course à la Lune a repris, cette fois entre les USA et la Chine. Un équipage américain s'apprête à décoller vers la Lune ; parmi eux, Paul Gardner est un jeune civil trentenaire sélectionné lors d'une émission de télévision qui en fait une star adulée de tous. En parallèle, Abel, un chercheur qui prend très à coeur la cause environnementale, décide de fonder secrètement une organisation écologiste aux méthodes radicales. Je ne vais pas vous en dire beaucoup plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture, mais sachez que le roman parle de conquête spatiale, de complots politico-économiques, et bien sûr d'écologie.
Le rythme est parfaitement géré, on est clairement sur un [i]page-turner[/i] efficace. Les personnages manquent peut-être un peu de profondeur mais on peut tout de même s'attacher à certains d'entre eux. J'ai été moins sensible aux parties concernant le chamanisme mais cela reste léger et cela ne m'a absolument pas empêché d'apprécier cette lecture.
Le roman s'achève sur un cliffhanger qui m'appelle évidemment à enchaîner directement avec la lecture du second tome, dont je vous parlerai donc prochainement.
J'avais entendu parler de cette série de romans uchroniques dans un podcast et je m'étais laissé tenter par le premier tome.
Les débuts ont été franchement pénibles : un cadre uchronique qui manque clairement d'originalité, un style maladroit, des descriptions enchaînant les clichés, et des personnages stéréotypés.
La suite est un peu meilleure, les personnages prennent forme au moment où le récit prend vie. Ce n'est toujours pas de la grande littérature, mais cela donne un divertissement pas déplaisant. J'hésite désormais à lire le deuxième tome de la série pour voir comment l'auteur développe son uchronie et ses personnages : quand on n'a pas été totalement emballé, cela en vaut-il la peine ?
Je ne sais plus exactement où j'ai entendu parler de ce roman, mais il était présenté comme le digne représentant d'une fantasy française renouvelée et de grande qualité. Je me suis laissé tenter et je ne le regrette pas : ce livre est exactement tel qu'il m'a été présenté.
Camille Leboulanger nous propose une ré-interprétation d'un mythe en nous racontant la vie et les aventures de Cuchulainn, un héros légendaire celtique. Je dois avouer que même si son nom me disait vaguement quelque chose, je ne savais rien de lui avant de lire ce roman, j'ai donc découvert ce héros comme un novice à travers ce roman.
L'auteur enchaine les épisodes majeurs de la vie du héros : les circonstances de sa naissance, son enfance, l'événement qui le vaudra le surnom de Chien du forgeron, sa place à part à la cour royale de oncle, jusqu'à sa mort.
Le récit lui-même est bien mené et intéressant, mais ce n'est pas forcément l'essentiel ici, ni ce qui fait de ce roman un grand livre de fantasy. Là où l'auteur est fort, c'est sur deux aspects :
D'une part, il propose une ré-interprétation du mythe sur le thème de la virilité, avec un héros qui en représente tous les excès, tous les abus, toute la force d'une domination violente et injuste.
D'une part, il montre comment nait et se perpétue un mythe, comment les récits mettent en avant certains éléments et en occultent d'autres. Dans ce récit, le narrateur est fondamental : il est à la fois « notre » narrateur, celui qui prend la parole à travers le livre, mais aussi le narrateur interne de son public dans le livre. C'est un narrateur et un conteur, qui relate les aventures du Chien à la fois pour son audience et pour nous. Il interpelle le public, il commente le récit, il explique comment il a obtenu certaines informations, il justifie pourquoi il parle de tel aspect et laisse une part d'ombre sur telle autre.
Ce roman nous permet ainsi d'assister à la fois au récit des aventures de Cuchulainn et à la construction d'un mythe, celui du Chien du forgeron, tout en nous interrogeant sur la virilité et sa place dans nos imaginaires. C'est très bien fait et cela place ce livre très haut dans les oeuvres récentes de fantasy française. Cela m'a clairement donné envie de découvrir d'autres oeuvres de Camille Leboulanger. Ne soyez donc pas étonnés si je vous reparle prochainement d'autres romans de cet auteur.
Benoît Coquard est sociologue, son terrain d'analyse est constitué des campagnes en déclin, en particulier les cantons ruraux de la région Grand Est, dont il est lui-même originaire.
Dans ce livre qui poursuit les travaux de sa thèse de doctorat, il nous propose de plonger dans le quotidien de jeunes vingtenaires et trentenaires vivant dans ces campagnes en déclin. C'est un travail au long cours de sociologue, voire d'ethnographe.
Le titre du livre montre, en creux, l'opposition entre ceux qui restent vivre et travailler dans ces cantons ruraux et ceux qui partent, pour étudier puis travailler, vers la grande ville la plus proche ou plus loin encore. L'auteur fait partie de cette seconde catégorie, tout comme moi, c'est ce qui m'a attiré vers ce livre.
L'auteur montre parfaitement l'articulation entre le déclin économique de ces campagnes et la sociabilité qui s'y exprime autour de “clans”, de “bandes de potes” au sens desquelles la solidarité est forte mais s'arrête aux frontières du clan. La concurrence pour les rares emplois stables alimente non pas un repli sur soi, souvent décrit à tort dans les médias, mais un repli sur un clan solidaire en son sein mais en rivalité avec le reste du village, du canton, et du monde. La réputation est également une “monnaie” essentielle dans ce cadre social, puisqu'elle permet d'accéder à des emplois où la recommandation (ou le piston) est indispensable.
Politiquement, ce mode de vie et de pensée se traduit par une forte abstention ou par un vote qui tend très fortement à droite et à l'extrême-droite. L'enquête de Benoît Coquart s'est déroulée pendant de longues années et s'est achevée au moment où le mouvement des Gilets Jaunes commençait à éclore. Il a pu en observer les prémisses mais surtout en comprendre les ressorts dans ce cadre social d'habitude très rétif aux grands mouvements collectifs.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a plongé dans un milieu que je connais très mal ou que je ne connais plus vraiment. Je fais partie de ceux qui sont partis, je ne le regrette pas, mais après cette lecture je comprendrai sans doute mieux ceux qui sont restés.
La saga de Clément Bouhélier dans son univers d'Olangar s'achève avec ce troisième roman de près de 600 pages.
Le décor reste le même mais l'ambiance a quelque chose changé suite aux événements qui se déroulaient à la fin du précédent volume. La cité d'Olangar est occupée, un régime collaborationniste pourchasse et torture ses opposants, et la résistance a bien du mal à survivre. Le seul espoir pourrait venir du Sud, où le chancelier est parvenu à s'exiler avec l'armée royale.
On retrouve, probablement pour la dernière fois, les personnages que l'on a pris plaisir à suivre dans les premiers romans. L'aristocrate humaine Evyna d'Enguerrand et l'elfe banni Torgend Aersellson s'organisent dans le Sud pour venir en aide à la cité d'Olangar, où le nain Baldek Istömin tente de maintenir organisée la Résistance tiraillée entre l'espoir d'une aide extérieure et la soif d'en découdre avec l'oppresseur.
Le récit est rythmé, bien mené et, hormis quelques rares baisses de rythme au milieu du roman, m'a globalement captivé du début à la fin. L'ambiance est d'abord lourde, oppressante, avant que l'action ne s'emballe au point de basculer quasiment dans un récit épique.
La conclusion, que je révélerai évidemment pas ici, est douce-amère et m'a totalement séduit. C'est une très jolie façon de quitter les personnages que l'on a aimé suivre tout au long de la saga. On sent bien l'émotion de l'auteur à leur dire au revoir, et c'est contagieux pour le lecteur.
Je garderai un excellent souvenir de cette saga, à la fois pour l'intérêt et l'originalité de son univers, pour les thématiques sociales et politiques abordées, pour la fine construction des récits de chaque roman et de la trame d'ensemble, et pour la qualité de ses personnages. C'est vraiment de la très bonne fantasy, un parfait exemple de que peut offrir de mieux ce genre souvent décrié.
Un essai littéraire, philosophique et politique sur l'utopie et sa place dans les cultures de l'imaginaire et de science-fiction. Malgré certains passages un peu ardus pour un lecteur novice en théorie littéraire et en philosophie politique, le texte est intéressant et le propos convaincant. L'autrice formule avec clarté sa conviction de la nécessité de l'utopie, et surtout d'une utopie radicale, dans nos imaginaires.