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Je vais tout de suite le dire : The Iron Dream est un drôle de livre, une oeuvre étrange et parfois dérangeante. Il s'agit d'un roman publié en 1972, qui se déroule dans une univers fictif, dans laquelle l'Allemagne est devenue communiste en 1930 et où le Parti national-socialiste est resté confidentiel. Dans cet univers uchronique, Adolf Hitler a émigré aux Etats-Unis où il a eu une carrière d'illustrateur et d'auteur de science-fiction. Il aurait remporté le prix Hugo à titre posthume en 1954 avec son oeuvre majeure, Lord of the Swastika.
C'est ce roman dans le roman qui constitue le coeur du livre. Il s'agit d'un récit post-apocalyptique dans lequel un homme surpuissant et prédestiné prend le pouvoir et unifie sa nation pour purifier l'humanité et détruire les hordes de mutants manipulés par d'ignobles “Dominators” de l'Empire Zind. Evidemment, les similitudes avec la montée en force et l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne puis les politiques raciales du Troisième Reich sont présentes à chaque page, je ne citerai pas ici tous les exemples.
Le roman dans le roman, Lord of the Swastika est long et parfois pénible à lire. Une fois passés les premiers clins d'oeil à la sombre Histoire, on tombe dans une surenchère, certes réaliste, mais dérangeante. La violence gratuite et les thèses antisémites sont omniprésentes, rendant la lecture vraiment difficile, même en comprenant l'intention de l'auteur.
A ce stade, j'étais partagé sur ce “roman”. Puis j'ai lu la post-face, elle aussi fictive, présentée comme une étude du roman Lord of the Swastika, par un universitaire vivant dans le même monde uchronique que celui dans lequel Adolf Hitler a publié ce pseudo-roman. Et là, c'est clairement jouissif de second degré et en même temps très éclairant et instructif sur ce que Norman Spinrad a voulu faire de cette oeuvre. Je vais me contenter de citer deux extraits, qui résument parfaitement le propos de l'auteur et le ton si particulier qu'il utilise pour faire passer son message :
Pour commencer, ce morceau si ironique sur la littérature de science-fiction :
The literature of science fiction abounds with stories of all-powerful phallic supermen, alien creatures rendered as fecal surrogates, penile totems, vaginal castration symbols (such as the monster with the many sucking mouths filled with razor-sharp teeth in Swastika), subliminally homoerotic or even pederastic relationships, and the like. While a few of the better writers in the field make sparing and judicious use of such elements on a conscious level, most of this material bubbles up from the subconscious into the work of writers writing on a purely superficial surface level.
No doubt many of Hitler's readers must find it tempting to imagine what the emergence of a leader like Feric Jaggar could mean to America. Our great industrial resources would be channeled into producing armed forces the equal of anything on earth, our population would be galvanized into a state of patriotic resolve, our moral qualms would be held in abeyance for the duration of our life-or-death struggle with the Greater Soviet Union. Of course, such a man could gain power only in the extravagant fancies of a pathological science fiction novel. For Feric Jaggar is essentially a monster: a narcissistic psychopath with paranoid obsessions. His total self- assurance and certainty is based on a total lack of introspective self-knowledge. In a sense, such a human being would be all surface and no interior. He would be able to manipulate the surface of social reality by projecting his own pathologies upon it, but he would never be able to share in the inner communion of interpersonal relationships. Such a creature could give a nation the iron leadership and sense of certainty to face a mortal crisis, but at what cost? Led by the likes of a Feric Jaggar, we might gain the world at the cost of our souls. No, although the specter of world Communist domination may cause the simpleminded to wish for a leader modeled on the hero of Lord of the Swastika, in an absolute sense we are fortunate that a monster like Feric Jaggar will forever remain confined to the pages of science fantasy, the fever dream of a neurotic science fiction writer named Adolf Hitler.