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La Teuse, en entrant, posa son balai et son plumeau contre l'autel. Elle s'etait attardee a mettre en train la lessive du semestre. Elle traversa l'eglise pour sonner l'Angelus, boitant davantage dans sa hate, bousculant les bancs. La corde, pres du confessionnal, tombait du plafond, nue, rapee, terminee par un gros noeud que les mains avaient graisse; elle s'y pendit de toute sa masse, a coups reguliers, puis s'y abandonna, roulant dans ses jupes, le bonnet de travers, le sang crevant sa face large. Apres avoir ramene son bonnet d'une legere tape, essoufflee, la Teuse revint donner un coup de balai devant l'autel. La poussiere s'obstinait la, chaque jour, entre les planches mal jointes de l'estrade. Le balai fouillait les coins avec un grondement irrite. Elle enleva ensuite le tapis de la table et se facha en constatant que la grande nappe superieure, deja reprisee en vingt endroits, avait un nouveau trou d'usure au beau milieu; on apercevait la seconde nappe, pliee en deux, si emincee, si claire elle meme qu'elle laissait voir la pierre consacree, encadree dans l'autel de bois peint. Elle epousseta ces linges roussis par l'usage, promena vigoureusement le plumeau le long du gradin, contre lequel elle releva les cartons liturgiques.
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La Faute de l'abbé Mouret est le cinquième volume de la saga Les Rougon-Macquart d'Emile Zola.
C'est l'occasion d'un changement de décor : après quatre premiers romans qui se déroulaient à part égale entre Paris et Plassans (deux dans la capitale, deux dans la ville de province imaginée par Zola), nous sommes maintenant à la campagne, non loin de Plassans toutefois.
Nous retrouvons Serge, le fils des époux Mouret dont nous avons suivi les aventures avec l'abbé Faujas dans La conquête de Plassans. L'adolescent discret et posé est désormais prêtre, il a choisi de servir l'Eglise devant un petit village isolé
Sur la forme, la structure du roman évolue par rapport au début de la saga : là où les premiers romans étaient composés de 5 ou 6 longs chapitres, celui-ci compte 50 courts chapitres répartis en trois grandes parties. L'effet est moins intimidant, et m'apparaissait moins indigeste au premier abord.
Évidemment, s'agissant d'un roman dont le personnage principal est un prêtre, la religion est au cœur du récit. Mais là où elle était présentée comme un outil politique à travers le personnage de l'abbé Faujas dans La conquête de Plassans, elle apparaît sous une forme plus « pure », plus spirituelle avec la figure de l'abbé Mouret. N'étant pas moi-même très sensible au fait religieux, j'avoue de pas m'être appesanti sur les passages, pourtant nombreux, portant sur la foi de Serge Mouret. Je suis sans doute passé à côté d'une part importante – essentielle ? – du livre.
Après une première partie plutôt champêtre et plutôt sympathique à suivre, la deuxième partie quasi-mystique m'a profondément ennuyé. Je pense qu'il m'a manqué des références à la religion catholique pour comprendre le sens de cette partie. J'ai ensuite décroché, ne parcourant la troisième partie que rapidement.
Je le dis sans honte : je suis passé à côté de ce livre. Je suis incapable d'en évaluer la qualité, tant il m'a semblé ne pas être écrit pour moi. C'est donc une déception pour moi, et c'est évidemment le roman des Rougon-Macquart qui m'a le moins plu parmi les cinq premiers. Je me doutais que parmi les 20 romans de la saga, tous ne pourraient pas me plaire autant. J'espère en tout cas avoir atteint le niveau le plus bas avec celui-ci.
Bien sûr, cela ne va pas me décourager, je compte bien poursuivre ma lecture des Rougon-Macquart avec le sixième volume : Son Excellence Eugène Rougon.