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Je vous ai parlé récemment du court essai, ou pamphlet, de Régis Debray : L'Europe fantôme paru dans la nouvelle collection Tracts chez Gallimard. Le philosophe y présentait brillament une vision sombre de l'Europe, sans identité, sans culture commune, et fruit d'un projet libéral d'influence atlantiste, pour ne pas dire américaine.
J'avais découvert ce texte de Régis Debray dans l'émission Livres & Vous sur Public Sénat, dans laquelle sa vision était confrontée, avec intelligence et sans polémique stérile, avec celle que Laurent Gaudé dévoile dans son dernier ouvrage : Nous l'Europe, banquet des peuples.
Je connaissais Laurent Gaudé comme romancier, plutôt très talentueux d'ailleurs. J'avais notamment beaucoup aimé ses romans Pour seul cortège, La porte des enfers ou Le soleil de Scorta, chaque fois dans des univers différents où il parvenait pourtant à nous faire entrer avec un style plaisant et porteur.
Cette fois, Laurent Gaudé nous propose un texte atypique, un long poème dédié à l'Europe, à son Histoire, à son actualité et à l'avenir qu'il appelle de ses voeux.
L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversé par la révolution industrielle, et l'Union européenne, belle utopie née sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'oméga de cette épopée sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de défaites et d'enthousiasmes. Un long poème en forme d'appel à la réalisation d'une Europe des différences, de la solidarité et de la liberté.